Poème

une porte blanche

donne sur une pièce 

une petite fenêtre laisse entrevoir un arbrisseau

dans son feuillage s’affaire soyeusement une chenille opaline

au loin brumeux se laissent deviner

des nénuphars et une aigrette dans un étang 

 

une table aux pieds de chrome miroitant un regard

est adossée au mur de chaux

quelques feuilles écrites sur la toile cirée  

déroulent un fil conteur d’images

à côté, un stylo à plume vidé de son encre 

et là, une chaise chenue sur le plancher d’ébène

 

au milieu resplendit un tapis chinois 

dont les fibres de soie font scintiller fleurs de murier, nuages et papillons

à la lumière oblique traversant les carreaux

 

les grains de poussière en myriades 

dessinent des fuseaux d’un ambre argenté

dont l’un d’eux illumine une petite araignée

écrasée par mégarde ou bien par répugnance

 

au dehors

un visage collé à la vitre 

regarde à l’intérieur

il se voit déformé par le métal poli

en tête de lotus

mais n’arrive pas à lire

ce que dit le poème